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Le site Ramsar « Marais et tourbières des vallées de Somme et de l’Avre »

Mis à jour le 05/02/2025
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Sous l’impulsion du Conseil départemental de la Somme et grâce à la mobilisation de l’ensemble des partenaires concernés, le 18 décembre 2017, les marais et tourbières des vallées de la Somme et de l’Avre ont été inscrits à la liste des zones humides d’importance internationale.

Ce nouveau site classé s’étend sur 13 100 hectares et comprend la haute et moyenne vallée de la Somme et son principal affluent, l’Avre, ainsi que les marais et tourbières adjacents, sur un linéaire de près de 200 km soit l’un des plus vastes complexes tourbeux du nord-ouest de l’Europe.

Le site se distingue par sa grande richesse écologique : une faune particulièrement riche et une concentration d’habitats et d’espèces rares et menacées. La vallée de la Somme a en outre une grande importance culturelle et historique. Les anciennes terrasses du fleuve abritent les toutes premières traces d’occupation du nord-Ouest de l’Europe par l’Homme.

Cette labellisation récompense et encourage à poursuivre les actions de préservation engagées depuis plusieurs années par les acteurs locaux.

Ainsi le Département de la Somme, en tant qu’organisme coordinateur du site, a élaboré avec l’appui et la contribution de l’ensemble des acteurs du territoire, le Plan de gestion 2023-2029 du site Ramsar « Marais et tourbières des vallées de Somme et de l’Avre ».

Cette feuille de route détermine les mesures à mettre en œuvre afin de préserver, gérer et valoriser les zones humides de ce périmètre.

Ce document est disponible ici.

Dans le cadre de son plan de gestion Ramsar, le Département met en place des projets estampillés « projets pilotes ». Parmi eux, voici ci-dessous des exemples de recherches et d’actions concrètes dont les objectifs sont d’améliorer les connaissances, d’optimiser la gestion des milieux naturels et de sensibiliser les acteurs impliqués et le grand public face aux enjeux présents !

Le plan de gestion Ramsar des Marais et tourbières des vallées de la Somme et de l’Avre prévoit de « compléter les connaissances sur les espèces et les habitats d’intérêt » notamment grâce à la bioacoustique et souligne le besoin d’améliorer les connaissances sur les oiseaux d’eau.

Sur les communes d’Etinehem-Méricourt et de Chipilly, un projet de renaturation d’envergure à vocation ornithologique est en cours. Ce site emblématique, identifié comme escale dans le cadre du projet Vallée de Somme, Vallée idéale, présente toutes les caractéristiques pour devenir un « site atelier », support d’actions de recherches.

Un suivi par bioacoustique a donc été lancé.

Qu’est-ce que la bioacoustique ?

La bioacoustique est une technologie en plein essor. Elle consiste à étudier, à partir de capteurs, les signaux acoustiques (chants, cris…) échangés entre les animaux. Grâce à cette technique, il est possible notamment de déterminer le cortège d’espèces d’oiseaux, d’identifier la présence d’espèces rares ou emblématiques même discrètes (chants de nuit…) et de mieux comprendre les interactions entre ces espèces et leurs environnements.

Ces enregistrements sont analysés grâce à l’intelligence artificielle. Ainsi, des quantités très importantes de données peuvent être étudiées et exploitées rapidement. L’ensemble des données brutes enregistrées est conservé et peut être analysé ultérieurement pour d’autres groupes d’êtres vivants (insectes…).

D’autre part, avantage incontestable de la bioacoustique, les ambiances sonores enregistrées peuvent constituer un support adapté pour être valorisées auprès du grand public (organisation de balades sonores…). Ces supports peuvent également permettre à des personnes en situation de handicap (malvoyants…) d’appréhender les milieux naturels.

L’étude menée dans la Somme

L’étude consiste à mettre en place un suivi par bioacoustique, avant travaux, sur le site de la future réserve des Boucles de la Somme à Etinehem-Méricourt afin de disposer d’un état zéro, préalable indispensable pour réaliser des comparatifs ultérieurs.

Des capteurs ont donc été installés au printemps 2024. Pour disposer de points de comparaisons, des capteurs ont aussi été installés, en parallèle, sur le site en Espaces Naturels Sensibles (ENS) des Alentours de Samara, qui dispose d’habitats naturels comparables, et d’autres vont être installés sur l’ENS des Étangs de Cléry-sur-Somme potentiellement impacté par la construction du pont canal du futur Canal Seine-Nord-Europe (CSNE).

Les enjeux de cette étude sont multiples :

  • Disposer de données précises qualitatives et quantitatives sur les oiseaux d’eau du site et leur évolution
  • Suivre et valider la pertinence des travaux réalisés et si besoin, en adapter les mesures de gestion 
  • Contribuer plus globalement à l’amélioration des connaissances sur les oiseaux d’eau du site Ramsar 
  • Proposer et tester, avant un déploiement éventuel à plus grande envergure, une solution innovante : la bioacoustique 
  • Faire du site d’Etinehem-Méricourt, une zone d’étude (futur « site atelier » potentiel) et une vitrine permettant d’optimiser la gestion des milieux naturels

Les partenaires du Département pour ce projet sont l’Agence de l’eau Artois-Picardie qui cofinance, le prestataire Biophonia, ainsi que les partenaires techniques : Conservatoire d’espaces naturels des Hauts‑de-France et Picardie nature.

Voici quelques enregistrements réalisés :

Le site Ramsar des « Marais et tourbières des vallées de la Somme et de l’Avre » constitue la plus vaste tourbière alcaline d’Europe de l’Ouest : un vrai réservoir d’eau, de biodiversité et de carbone.

Qu’est-ce qu’une tourbière ?

Une tourbière est une zone humide colonisée par la végétation dans un milieu saturé en eau. On y trouve la tourbe, une matière végétale fossile pauvre en oxygène où la décomposition des matières organiques est ralentie.

Les tourbières ne constituent pas un écosystème homogène, mais plutôt une mosaïque de structures végétales, d’écosystèmes et de paysages variés. Ce type de zone humide abrite souvent de nombreuses espèces rares, spécialisées, protégées et/ou menacées. Les tourbières offrent également des opportunités pour les espèces migratrices de se reposer et d’hiverner.

Les tourbières jouent un rôle de régulation des flux hydriques, en retenant l’eau pendant une période plus ou moins longue avant de la restituer au milieu.  En régulant le débit de l’eau, les tourbières permettent d’adoucir les phénomènes de crue. Et, en restituant progressivement l’eau à son milieu, les tourbières maintiennent un débit d’eau minimal dans les cours d’eau en été.

Les végétaux qui croissent en tourbière permettent de purifier l’eau qui la traverse, en utilisant pour leur croissance les matières minérales et organiques en excès, et permettent ainsi un assainissement de l’eau. 

Les tourbières représentent les puits naturels de carbone les plus importants de tous les milieux émergés, grâce à la diversité des espèces végétales qui va améliorer la séquestration de carbone.

Des travaux de recherche soutenus par le Département

Les tourbières des vallées de la Somme et de l’Avre sont alcalines, leur ph est basique, lié à la présence de la craie qui confère ses caractéristiques à la tourbe.

Le Département a initié un projet de recherche scientifique en partenariat avec l’Agence de l’eau Artois Picardie, l’UPJV, le CEN HDF et le CNRS, pour mieux comprendre l’histoire de la formation de la tourbe et mieux gérer les milieux aujourd’hui.

Le Département a soutenu le projet de thèse « Archéofen » et son prolongement avec le post-doctorat « FenSom », en collaboration avec l’Université Picardie Jules Verne (UPJV). Ce travail a considérablement enrichi notre compréhension des mécanismes de formation de la tourbe et des paysages de la vallée, confirmant la présence d’importants stocks de tourbe, et donc de carbone fossile, au fond de la vallée de la Somme.

Dans le contexte actuel de changement climatique, le rôle crucial du stockage de carbone est aujourd’hui pleinement reconnu. Aussi, pour mesurer l’évolution du stock de carbone dans la tourbe à court, moyen et long terme et pour capitaliser sur les recherches déjà effectuées, le Département a souhaité poursuivre le partenariat avec le monde universitaire dans le cadre d’un projet d’étude intitulé « MicroB²Som ».

Piloté par l’Université Picardie Jules Verne (UPJV) d’Amiens, ce projet mobilisera de nombreux acteurs locaux. Il vise à approfondir notre connaissance des microclimats de la vallée de la Somme, dans l’optique d’anticiper et d’atténuer les effets du changement climatique en adaptant la gestion et la préservation des milieux naturels. Parallèlement, des premières mesures sur les échanges de carbone et de gaz à effet de serre entre la tourbe et l’atmosphère seront réalisées.

Rivière artificielle aménagée par le Département à Pont-Rémy. © Wilfrid Tourbier – Cd80

Le Département se doit de rétablir la libre circulation des poissons migrateurs en « effaçant » les barrages sur son domaine, soit par des travaux d’aménagement (passes à poissons, rivières artificielles), soit par des mesures de gestion des ouvrages.

Afin de favoriser la continuité hydro-écologique sur le fleuve Somme et faciliter la migration des poissons, le Département a aménagé des rivières artificielles et passes à poissons sur 8 sites, pour un coût total (travaux et études) de près de 3,7 M€.

Plus d’informations ici.

70% de la population du département vit à proximité du site Ramsar des marais et tourbières des vallées de la Somme et de l’Avre. Ce site joue un rôle central pour l’agriculture locale et l’économie des loisirs, notamment via les équipements aménagés par le Département :
– la Véloroute Vallée de Somme, long itinéraire cyclable de 120 km aménagé le long du chemin de halage entre Péronne et Saint-Valery-sur-Somme
– les 50 belvédères, disposés le long du fleuve ou sur les plus beaux points de vue de la vallées, destinés à valoriser l’histoire et les paysages de la Somme
– les Maisons éclusières le long du fleuve, aménagées en sites touristiques

Plus d’informations :

– sur le site de l’association Ramsar, qui répertorie tous les sites classés Ramsar
– sur le site du ministère de la transition écologique et solidaire
– dans la plaquette éditée par Ramsar France, à télécharger ci-dessous :