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11 sites mémoriels de la Somme inscrits au patrimoine mondial

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L’Organisation des Nations-Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) a validé le 20 septembre 2023 l’inscription au patrimoine mondial de 139 sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale situés en Belgique et en France. Ces lieux de mémoire incarnent l’horreur du premier conflit mondial, qui fit 10 millions de morts issus de 130 pays. Onze de ces sites se trouvent dans la Somme. Ils portent « une valeur universelle exceptionnelle et unique au monde ».

La Somme, terre de mémoire

Onze sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale sur les 139 reconnus inscrits au patrimoine mondial se trouvent dans la Somme :

  • Les mémoriaux du Commonwealth des communes de Beaumont-Hamel et Auchonvillers
  • Le cimetière militaire du Commonwealth de Thiepval et Authuile
  • Le mémorial aux disparus du Commonwealth de Thiepval
  • Le cimetière et le mémorial du Commonwealth « Pozières British Cemetery » et « Pozières Memorial » à Ovillers-La-Boisselle
  • Le mémorial sud-africain et le cimetière du Commonwealth de Longueval
  • La nécropole et la chapelle du Souvenir français à Bouchavesnes-Bergen
  • Le cimetière du Commonwealth à Rancourt / Bouchavesnes-Bergen
  • Le cimetière allemand de Rancourt
  • Le Mémorial national australien et le cimetière du Commonwealth à Villers-Bretonneux et Fouilloy
  • Le cimetière chinois de Nolette à Noyelles-sur-Mer
  • Le cimetière du Commonwealth à Louvencourt.

Ces sites sont à la fois connus et méconnus : de grands mémoriaux comme à Thiepval ou à Villers-Bretonneux ou de petits cimetières, confidentiels, comme à la Louvencourt. Chacun a été sélectionné parmi plus de 300 sites de mémoire de la Grande Guerre dans la Somme et a nécessité un long travail de recherche et d’analyse.

Un dossier soutenu par le Département

Depuis plus de 10 ans, le Conseil départemental de la Somme est investi dans le montage de ce projet visant l’inscription de sites de mémoire de la Première Guerre mondiale sur la liste du patrimoine mondial.

Cette ambition a été initiée dans le but de préserver durablement ces sites de conscience à l’échelle de l’humanité, afin de garder trace dans le paysage et les mémoires collectives et individuelles de cet épisode marquant de l’histoire contemporaine qu’est la création, pour la première fois, de lieux funéraires ou mémoriels en hommage à chaque combattant et travailleur, quel que soit son camp, son origine ethnique ou sociale ou encore sa religion.

Au-delà de leur caractère patrimonial ou touristique, c’est aussi la forte immatérialité de ces lieux, déclinée par leur dimension citoyenne, éducative, pacifique et de rassemblement qui est au cœur de la démarche.

Cette candidature franco-belge intitulée « Sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale – front Ouest » proposait l’inscription d’un bien sériel, décliné sous la forme de sites uniques ou multiples, attachés à la mémoire de populations des cinq continents et implantés tant en France qu’en Belgique.

Le dossier a été piloté d’emblée par le Département au niveau local, qui a régulièrement animé un Comité départemental auquel étaient associés les collectivités locales (communes, intercommunalités), les associations (le Souvenir Français, la CWGC, les associations mémorielles, le CAUE de la Somme…), des universitaires, des représentants de l’État français (Sous-préfectures, DRAC, DREAL) ou d’autres États gérant un site dans la Somme (Canada, Afrique du Sud…).

Déposé officiellement en 2017 par l’État belge au nom des États français et belges (seuls les États sont reconnus officiellement par l’UNESCO), le dossier technique a été instruit une première fois au Comité du patrimoine mondial à Bahreïn, en 2018, aboutissant à un moratoire gelant toute décision. L’enjeu de ce moratoire était de statuer sur la pertinence d’inscrire sur la liste du patrimoine mondial des sites attachés à la mémoire de conflits contemporains et de vérifier la conformité de ces sites avec la charte du patrimoine mondial de 1972.

En janvier 2023, le moratoire étant levé, les États français et belge ont immédiatement proposé à nouveau le dossier en vue de son instruction à Riyad, entre le 10 et le 25 septembre 2023, sans modification substantielle du dossier initial.

La France compte actuellement 50 biens inscrits au Patrimoine mondial.

Une exposition à l’Historial de la Grande Guerre

Une exposition photographique présente chacun de ces 11 sites du 4 février au 21 septembre 2025 à l’Historial de la Grande Guerre à Péronne.

Les 11 sites mémoriels de la Somme inscrits au patrimoine mondial

Le mémorial aux disparus du Commonwealth et le cimetière militaire franco-britannique de Thiepval et Authuille

Ce mémorial est exceptionnel par son ampleur, son architecture, son ornementation, sa localisation, sur un haut lieu de résistance allemande témoignant de la violence de la guerre. C’est le plus grand mémorial britannique au monde, toute guerre confondue, et le seul dédié aux armées française et britannique, en remerciement à la France d’avoir autorisé sa construction. Sa mise en scène monumentale et paysagère place le « missing » (disparu) au cœur du dispositif mémoriel. Les noms de 72 332 combattants britanniques et sud-africains disparus y sont gravés.

Le cimetière militaire du Commonwealth « Mill Road Cemetery » de Thiepval

Ce cimetière présente une esthétique architecturale originale avec ses stèles horizontales liées aux bouleversements du terrain et à son instabilité suite à la bataille de la Somme. Il met en lumière le sacrifice des troupes de la 36e Division britannique (Ulster). Il visualise ainsi la mort de masse et la violence des combats : 65,5% des stèles ne sont pas identifiées mais chaque soldat jouit d’une sépulture individuelle.

Le mémorial sud-africain et le cimetière du Commonwealth de Longueval

Le mémorial et son cimetière constituent le seul site emblématique sud-africain du front ouest. Inscrit dans le bois Delville, il fait face au « Delville Wood Cemetery » où eurent lieu de violents combats entre juillet et septembre 1916. Ils bénéficient ensemble d’une mise en scène paysagère exceptionnelle. Un mur du souvenir, érigé en 2016, porte les noms d’environ 14 000 patronymes de Sud-Africains, morts en service pendant la Première Guerre mondiale comme combattants ou travailleurs. 

La nécropole nationale française et la chapelle du Souvenir Français de Rancourt et Bouchavesnes-Bergen

Elles incarnent la participation française à la bataille de la Somme et sont créées à la suite des fortes pertes essuyées. La chapelle a été édifiée par la famille Du Bos, en hommage au fils perdu et à ses compagnons d’armes, eux aussi morts en septembre 1916. Le Souvenir Français gère le monument depuis 1937 et organise, chaque deuxième dimanche de septembre, une commémoration pour honorer les combattants inhumés à Rancourt et Bouchavesnes, dans l’ensemble des sites funéraires (français, britannique et allemand).

Le cimetière militaire du Commonwealth de Bouchavesnes-Bergen

Il est situé entre la nécropole française et le cimetière allemand et souligne l’alignement et la co-visibilité entre les trois lieux de mémoire. Ce cimetière permet de comprendre les spécificités funéraires et mémorielles militaires britanniques : cimetière-jardin ouvert sur son environnement, stèles en pierre de Portland, croix du sacrifice…

Le cimetière militaire allemand de Rancourt

Il témoigne de la violence des combats que subit l’armée allemande, notamment pendant la bataille de la Somme, ainsi que de la politique de regroupement pratiquée au lendemain de la guerre. C’est le cimetière du secteur mémoriel où est enterré le plus grand nombre de combattants (11 422). Il se distingue, au sein de cet ensemble funéraire, par son caractère paysager et sa périphérie arborée. Une chapelle, édifiée au début des années 1930, met en exergue le deuil à travers la sculpture de mise en tombeau. Elle domine deux ossuaires, symbolisés par cinq croix, où reposent 7 492 combattants.

Le mémorial national australien et le cimetière militaire du Commonwealth de Villers-Bretonneux et Fouilloy

Le mémorial et son cimetière manifestent le fort engagement des troupes australiennes à l’est de la Somme, de 1916 et 1918, et la victoire stratégique majeure des troupes alliées, notamment australiennes, à Villers-Bretonneux le 25 avril 1918. Conçu par Sir Edwin Lutyens et achevé en 1938, le mémorial témoigne d’une maturité architecturale funéraire, d’inspiration classique. L’organisation spatiale du site est exceptionnelle : le cimetière et le mémorial obéissent à une mise en scène paysagère remarquable, préservée, qui permet d’en saisir tout le sens (architectural, mémoriel, stratégique et symbolique).

Le cimetière militaire et le mémorial chinois de Nolette à Noyelles-sur-Mer

L’originalité du cimetière repose sur sa forte identité chinoise traduite par son architecture unique : portail chinois, essences végétales, idéogrammes, orientation des sépultures… Conçu par Sir Edwin Lutyens et le capitaine Truelove, cet ensemble « cimetière-mémorial » exclusivement dédié aux travailleurs chinois de la Grande Guerre est unique sur tout le front occidental. Ce site est approprié par les communautés chinoises qui organisent des cérémonies pour honorer les morts qui y sont inhumés à l’occasion du Qing Ming. Le cimetière et le mémorial traduisent l’hommage funéraire dédié aux non-combattants et spécifiquement aux travailleurs chinois. Le site incarne la mémoire de ce pan méconnu de l’histoire de la Grande Guerre.

Le cimetière militaire et le mémorial du Commonwealth « Pozières British Cemetery » et « Pozières Memorial » d’Ovillers-La-Boisselle

Le site incarne, pour les Australiens, l’assaut du 23 juillet 1916 et la victoire qui s’ensuivit, au prix d’importants sacrifices. Le mémorial conçu par H. Cowlishaw, réplique de celui du « Loos Memorial » (Dud Corner Cemetery), ferme le cimetière et donne une esthétique rare au site, plaçant le disparu au cœur du dispositif architectural. Les 14 000 noms inscrits témoignent de la violence des combats en 1918. Le mémorial domine le paysage préservé dans lequel il s’inscrit, marqué par la forte densité de sites funéraires de la Première Guerre mondiale.

Les mémoriaux du Commonwealth des communes de Beaumont-Hamel et Auchonvillers

L’originalité de ce parc mémoriel donne une clé de lecture aux événements tragiques de 1916 tout en traduisant son identité terre-neuvienne : plantes et minéraux importés, statue d’un caribou – le symbole du régiment -, mémorial national dédié aux combattants terre-neuviens disparus. Les différents mémoriaux et cimetières du site et des environs soulignent la « brutalisation » et la violence subies par les combattants.

Le cimetière militaire du Commonwealth de Louvencourt

Cimetière prototype de l’Imperial War Graves Commission, il traduit les premières réflexions architecturales britanniques pour rendre hommage aux combattants de l’empire de manière pérenne. Franco-britannique, il influence l’esthétique des cimetières ultérieurs du Commonwealth. Il jouit d’une exceptionnalité artistique relative aux stèles françaises, rares, ornées de symboles, qui n’obéissent pas à la standardisation des nécropoles françaises, mais que l’on retrouve dans les cimetières d’hôpitaux parisiens. Ces éléments esthétiques propres rendent ce cimetière unique pour les partis pris architecturaux qui y sont développés et qui ont été maintenus.

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