Les insectes, créateurs d'emplois
En juin 2017, l'Union Européenne a autorisé l'alimentation à base d'insectes pour nourrir les poissons d'élevage. À la clé ? De nombreuses opportunités économiques. La Somme tire son épingle du jeu avec l'ouverture prochaine de deux sites de production : InnovaFeed à Nesle et Ÿnsect à Amiens.
En 2019, le 2e site de production de farine d'insectes à destination de l'aquaculture de la start-up InnovaFeed ouvrira à Nesle. Le Conseil départemental subventionne cette installation à hauteur de 280 000 € et a pris la décision d'exonérer la société de taxe foncière pendant deux ans. L'ouverture de ce site biotechnologique permettra la création de 110 emplois à l'horizon 2020. L'unité sera accolée à l'amidonnerie Téréos-Syral, qui trouve, grâce à ce nouveau site, de nouveaux débouchés pour ses biodéchets. Ces derniers sont en effet la nourriture de prédilection des larves de mouches. Le succès d'InnovaFeed repose sur un petit insecte, la mouche tropicale Hermetia Illucens. Ses atouts ? Une croissance extrêmement rapide (8 jours) et une capacité de reproduction impossible sous une température de 30°. Les larves sont élevées pour ensuite en extraire les protéines. Celles-ci serviront à nourrir les poissons d'élevage (truite, saumon...). L'avantage ? Produire une nourriture plus respectueuse de l'environnement, en limitant la surpêche, mais aussi plus proche de leur régime alimentaire naturel. Fort de son succès, la start-up ambitionne d'ouvrir 20 sites d'ici 2025 !
Le ver molitor à Poulainville
Signe que le marché est porteur, une autre ferme d'insectes, celle de la société Ÿnsect, va ouvrir ses portes à Poulainville en 2020. L'entreprise innovante, créée en 2011 et basée à Évry dans l'Essonne, est spécialisée dans l'élevage d'insectes et leur transformation en ingrédients à destination des animaux domestiques et d’élevage. C'est au sein de son 2e site de production, une ferme verticale d'insectes baptisée Ÿnfarm, que les vers Tenebrio Molitor, petits scarabés que l'on trouve communément en France, grandiront. Lorsque les larves du Molitor arrivent à maturité, 95 % sont transformées en protéines et en huile sans ajout de composé chimique. Les 5 % restants deviennent adultes et se reproduisent pour assurer le renouvellement de la population. Bénéficiant du soutien des acteurs locaux (Région Hauts-de-France, Département, Amiens Métropole), ce nouveau site industriel permettra la création d'une centaine d'emplois, dont une partie pour les personnes éloignées de l'emploi.
Sophie Desmaret
© Ynsect