Un retable en danger

Rigueur et minutie au service de l'art

Martine Gasnier, restauratrice-conservatrice, a récemment achevé la restauration du retable de l'église de Fienvillers. Un chantier d'envergure et témoignage d'une profession mêlant minutie, réflexion, déontologie professionnelle et savoir-faire.

En avril 2018, Martine Gasnier est dépêchée sur le site de l'église de Fienvillers. Elle découvre alors le tableau de 1779, l'Assomption, œuvre monumentale de 15m2 de Jean-Baptiste Thuillier.

eglise tableau

Un retable en danger


Le tableau retiré de son maître-autel, Martine Gasnier, épaulée par sa consœur Flore de Saint-Just, s'attelle à sa restauration : « Nous avons décrassé la toile, puis nous l'avons dévernie. Le tableau était victime de chancis, c'est-à-dire d'un blanchiment du vernis. Cela altère la matière picturale et perturbe donc la lecture de l’œuvre ». La peinture a ensuite été retirée de son châssis. Celui-ci, très abîmé, a été consolidé par Jean-Paul Bimbard, ébéniste à Rainneville. La toile se trouvait elle aussi en très mauvais état, comme le souligne Martine Gasnier : « Il y avait de grandes lacunes, des soulèvements et de nombreuses pertes de matières picturales, des repeints… Lors des précédentes tentatives de restauration en 1852 et 1902, des pièces de toile récupérées et des morceaux de tapisseries avaient été collés à la céruse* et même cloués directement par la face. Nous avons posé des papiers de protection sur les zones dégradées. Puis, nous avons retourné l’œuvre, dégagé les différentes pièces et gratté la céruse au scalpel».

Un travail minutieux


Grâce à la combinaison de la chaleur, de la pression et de l’humidité, la matière a pu être remise dans le plan. Un adhésif synthétique a ensuite été apposé sur les zones déchirées afin de renforcer les zones fragilisées.« Pour combler les lacunes, nous avons procédé à de nombreuses incrustations de toile et réalisé les mastics », explique Martine Gasnier. Afin de renforcer la toile d'origine, très fragilisée, Martine Gasnier a mis en œuvre un doublage synthétique : « Une toile de lin a été apposée au revers de la toile d'origine. Entre celles ci, se trouvent une toile intermédiaire, qui assure la réversibilité de l'intervention dans le temps ». La peinture a ensuite été reposée sur son châssis. Cette étape achevée, la réintégration picturale (travail de retouches) a pu commencer. Un vernis de protection a ensuite été appliqué sur la matière picturale et un dos protecteur (voile de nylon) a été posé à l'arrière. En juin 2018, le tableau a retrouvé son maître-autel. Depuis, il s'offre de nouveau au regard et expose sa beauté jusque là ternie par le temps.

Sophie Desmaret

*céruse : pigment blanc opaque à base de plomb

Diaporama des étapes de restauration sur www.somme.fr/fienvillers

"Le Bernavillois dans l'Histoire", l'arrière-front durant la Grande Guerre

Soldats anglais repas

Repas des soldats du RFC Candas

La revue Le Bernavillois dans l’Histoire compte 4 numéros dont l’ambition est de faire revivre la mémoire locale. « Nous voulions également retrouver des témoignages sur le vécu de la population dans ce territoire rural traversé, pendant 5 ans, par des milliers de soldats, français dans un premier temps, britanniques à partir de 1915 », explique Evelyne Singlard, coordinatrice du projet. Des documents familiaux comme des lettres, des photos, des cartes postales… ont été partagé par la population afin d’alimenter la revue.

À travers les différents articles, les bénévoles, passionnés d’Histoire, ont voulu montrer que le territoire du Bernavillois, aujourd’hui rattaché au Doullennais, avait été un acteur majeur de l’arrière-front durant la Grande Guerre. Les soldats britanniques avaient en effet créé une ligne de chemin de fer entre Conteville et Candas ainsi qu’une seconde gare à Candas (la gare de Salonique) pour y recevoir et stocker notamment l’armement destiné à ravitailler le front à quelques kilomètres de là. Peter Dye, Vice-Marshal de la RAF, a permis de redécouvrir, avec rigueur et précision, la présence anglaise à Candas et Fienvillers. Un aérodrome y avait été installé pour le Royal Flying Corps en 1915. Il prit toute son importance en 1916 et 1918. Les anecdotes sur les soldats de passage et les pilotes ne manquent pas dans cette revue qui intéresse aussi bien les locaux que les passionnés d’Histoire qui y trouveront des sujets à développer.

G.Y.

Retrouvez Le Bernavillois dans l’Histoire (5 € un n°) dans les librairies du Doullenais, à la librairie Martelle, Au Chat qui lit et à la librairie du Labyrinthe à Amiens, à l’office du tourisme de Doullens, ainsi qu’à la Communauté de Communes du territoire Nord Picardie à Doullens et aux annexes de Villers-Bocage et Bernaville.

 

Billet picard

Min clognon, à Flichcourt, él 3 d’séctème 2018.

Pour éte seur d’avoér ém plache, ém vlo rindu à Flichourt innhui. À cœuse qu’éj sus t-ichi, qu’os volez savoér ? Bé conme tous lz’ans, éj viens lo pour suire éch féstival éd pipasso.

J’ai passè dvant ch’molin à vint qu’il est in route à éte radiminchè. Achteure il o sin toét su ses épeules éd mérlon. I n’attind pu qu’d’avoér ses volants pour li rdonner s’dédjince. J’ai longè chés moaisons d’citès, pi j’ai apérchu chés catieux d’chés patrons d’chés tissages. Ch’est lo qu’Hector Mallot il o puchè sn’inspiration quante il écrivoait sin roman « Sans famille ». Mais j’én vos apprinds mie rien. Seulmint, ch’qu’os n’savez pétète point, ch’est quoé qu’ch’est qu’un pipasso ?

Attindez, j’asplique… Un pipasso ch’est éne sorte éd cornémuse, qu’o nin juait din l’temps in Picardie. O ll’apploait étou « pipaussac » o bien « muchossa » éslon chés poéyis. O nin rtrouve él trace aveuc éne éstchulture intaillèe din chl’église éd Pinda au XVIéme sièque, pi o nin pèrle étou din chés archives à pérpos d’éch pipeu d’Seucourt qu’i fsoait danser à chés ducasses in 1412… au cminchmint d’él djerre éd Chint ans ! Ch’est du viu. Vlo qu’achteure él musique d’éch pipasso al est rinvétie grace à Rémy Dubois, éch luthier qu’il o rconstituè chl’instrumint éq quasimint tout l’monne il avoait obliè.

Os volez nn’intinde, du pipasso ? Évnez don acouter ch’groupe Amuséon et pi tous leus invitès, deux jours durant, chés 29 et pi 30 éd séctème, à l’salle municipale d’éch Chiffon Rouge à Flichcourt. Évnez tértous, nom d’éne pipe… à so !

Adè, Tchot Mile ch’Reudailleu

Flichcourt : Flixecourt

à cœuse : pourquoi

bé : eh bien

pipasso : cornemuse picarde

mérlon : craie

volant : aile de moulin

dédjince : prestance, allure

pucher : puiser

intaillè : sculpté

Pinda : Pendé

pipeu : sonneur de cornemuse

Seucourt : Saucourt-en-Vimeu

rinvéti : ressuscité

so : sac